30 novembre 2020 in Actualités, Conseil métropolitain 20 novembre 2020, Interventions, Olivier Six

Texte de l’intervention d’Olivier Six sur le vœu moratoire contre la 5G – Conseil métropolitain du 20 novembre 2020

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Texte de l’intervention d’Olivier Six sur le vœu moratoire contre la 5G – Conseil métropolitain du 20 novembre 2020

Techniquement, votre vœu accumule malheureusement, imprécisions et contrevérités qui ont pour but de trouver des motifs à une demande politicienne, idéologique et non étayée scientifiquement :
Sur votre argument préliminaire, qui prétend qu’il faudrait attendre quelques années, 2023 ou 2025 au motif que les vrais bénéfices de la 5g n’arriveront qu’avec la mise en place de la bande des 26GHz ;
S’il est vrai que la 5 g et ses nouvelles potentialités vont se déployer progressivement, il est faux de dire qu’il faudra attendre la mise en place de la bande des 26GHz pour bénéficier de ses avantages. Cette bande très spécifique qui offrira un débit et un nombre de connexion très important sera réservée aux applications très locales avec une portée de quelques centaines de mètres et une quasi- impossibilité de franchir les murs des bâtiments.
La 5g va se déployer dans un premier temps sur son cœur de fréquence, les fréquences de 3.5gz, proches de celles de la 4g et aura d’abord besoin de l’infrastructure de la 4g avec des fonctionnalités limitées. Elle ne fonctionnera en mode autonome que dans 2 ans lorsque suffisamment d’installations auront été équipées et tiendra alors toutes ses promesses. Il est impossible d’imaginer basculer directement en 5g tant matériellement (vu la masse de travail à réaliser pour les entreprises) qu’en terme d’investissement financier. Votre idée que l’on pourrait attendre que la technologie évolue ou que les normes s’affinent concernant la bande de 26Ghz avant d’investir massivement dans la 5g est donc erronée et le retard que prendrait aujourd’hui notre territoire ou notre pays serait définitif.
Sur la 5 g en particulier, vous insistez sur les risques potentiels :
Que la 5g se déploie au détriment de la 4g et de la fibre :
Les licences vendues contiennent des engagements d’augmentation de couverture des territoires y compris par la 4g et que la fibre optique fait partie de l’infrastructure nécessaire au déploiement de la 5g et que son déploiement sera donc accéléré.
Le risque social : vous prétendez que la 5g va renchérir des couts de communication et des terminaux
Dans l’histoire des télécommunications, Les nouveautés deviennent très vite des normes et les prix baissent à grande vitesse. Nous sommes par ailleurs très étonnés de lire dans votre vœu votre demande de suppression du réseau GSM encore très utilisé par les personnes utilisant des téléphones basiques, par choix ou par nécessité ou pour téléphoner en dehors des zones couvertes.
Vous évoquez les risques sanitaires
Vous parlez d’augmentation du rayonnement électromagnétique lié à l’augmentation du trafic, mais c’est oublier que contrairement à la 4g qui arrose l’environnement de manière indifférenciée, la 5g crée un flux directionnel entre l’antenne et le récepteur, limitant ainsi fortement le rayonnement émis.
Les normes admissibles (61v/m que vous évoquées) sont aujourd’hui 50 fois inférieures au niveau auquel il a été démontré les premiers impacts sur des organismes vivant. Dans les mesures effectuées, 90% des mesures sont inférieures au seuil de 6V/m soit 10 fois moins. Toutes les mesures effectuées sur les installations 5g expérimentales ne dépassent pas 0.6V/m soit 100 fois moins que le seuil légal.
Votre demande en ce sens ne s’appuie sur aucun raisonnement scientifique et joue encore une fois avec la peur des citoyens, pourquoi ?
Vous évoquez enfin l’impact écologiques
Vous précisez vous-même que la 5g est bien plus économe que la 4g. En effet, 3x moins de consommation pour 15 fois plus de débit et de connexion, soit 50x moins énergivore.
Le problème viendra de l’augmentation du trafic. Hors cette augmentation est déjà à l’œuvre avec une augmentation de 30% par an actuellement avec un risque de saturation dans 2 ans.
La problématique dans le domaine du numérique comme dans beaucoup d’autre en matière d’écologie n’est pas de lutter contre la 5g et son efficience mais contre le gaspillage et de rechercher plus de sobriété numérique. Les forfaits illimités dont notre pays est friand ne poussent pas à cette sobriété, pourquoi télécharger un film en HD pour le regarder sur une tablette ? simplement parce que c’est inclus ? Votre voeu n’aborde pas ce sujet pourtant crucial.
Votre vœu n’évoque que très peu malheureusement les avantages et les nouveaux usages que va apporter la 5g.
La 5g offrira bien plus qu’un débit bien 10x élevé, elle permettra la connexion de bien plus d’objet connectés et d’un temps de latence (de réaction) 10x moindre
Ces nouvelles caractéristiques, ouvrent la voie à une révolution dans les véhicules autonomes, entrainant moins de congestion et moins de pollution, aux opérations à distances avec retour de sensation pour des applications médicales, industrielles, , dans le bâtiments et les services, à la gestion de réseaux intelligents et à des économies d’énergie massives.
Tout reste à inventer. Ce qui est certain c’est que l’économie gagnera en efficience et en compétitivité grâce à cette technologie et qu’un territoire ou un pays qui en resterait à l’écart ne s’en relèverai pas car oui, malgré ce que certains croient ou souhaitent, nous vivons dans un monde concurrentiel.
Un moratoire sur la 5g et un décrochage de notre pays aurait aussi un impact direct sur le tissu économique de notre territoire.
Dans cette assemblée plusieurs travaillent directement ou indirectement pour la 5g. Le Liten, Radiall, Soitec, ST micro pour ne citer qu’eux et de nombreuses PME et start up soit plusieurs milliers d’emplois directs et indirects dépendent de cette technologie d’avenir.
La vraie question au fond que pose votre vœu : Croit-on encore à Grenoble et sur son territoire au progrès pour résoudre les défis sociétaux et écologiques
Votre réponse, à la lecture de ce vœu est non. Est-ce pour des raisons idéologiques, par manque de confiance ou par populisme car la peur est un puissant moteur du pouvoir. Le fait est que sans progrès, la seule alternative que vous pourrez nous proposer, c’est la décroissance, le déclin et des crises insurmontables.

Nous pensons au contraire qu’il faut, en particulier sur ce territoire grenoblois, favoriser le progrès et créer les conditions d’un usage de ce progrès respectueux et au service de l’homme et de la planète, par la confiance et par une régulation intelligente.
En plus de prôner des solutions que nous pensons néfastes pour notre pays, ce vœu envoie une image négative de notre territoire qui est depuis longtemps et qui doit rester un territoire de progrès et d’avenir.