29 janvier 2021 in Actualités, Christophe Revil, Conseil métropolitain 29 janvier 2021

Conseil métropolitain du 29/01/21 – Intervention de Christophe Revil sur l’appels à projets pour le soutien de l’agriculture et la création de jardins et ruchers partagés

Conseil métropolitain du 29/01/21
Intervention de Christophe Revil sur l’appels à projets pour le soutien de l’agriculture et la création de jardins et ruchers partagés

Avec cette délibération sur le soutien à l’agriculture on évoque une des clefs de l’équilibre de notre politique d’aménagement du territoire !

Chacun ici connait la pression foncière qui pèse dans notre Métropole : l’espace est de plus en plus rare … et il est important de répéter que les zones agricoles ne doivent pas en faire le frais ! Notre PLUi prévoit de sanctuariser leur protection et c’est une excellente chose : la prise de conscience est là et maintenant chacun de nos arbitrages doit en tenir compte scrupuleusement.

Force est de constater que trop longtemps ces arbitrages se sont effectués au détriment de nos terres les plus fertiles … au profit d’infrastructures routières, de zones commerciales ou économiques ou de secteurs d’habitat.

Evidemment, je l’admets, ces arbitrages sont souvent délicats… c’est bien pour cela que je parle ici « d’équilibre nécessaire ».

La taille moyenne des exploitations a tendance à baisser dans le secteur périurbain, et il faut répéter une évidence : il est difficile de maintenir (ou pire d’installer) un agriculteur sans terres agricoles ! Personne ici je crois ne défend un modèle qui consiste à produire des salades dans des souterrains éclairés ou à élever des cochons dans des immeubles … cette perspective déjà en développement dans certains pays a de quoi glacer le sang !

C’est ici un tout autre modèle que nous avons à cœur de promouvoir car si  la présence urbaine est parfois un danger pour l’agriculture, elle peut aussi être une opportunité. Notre Métropole constitue un exceptionnel potentiel de débouchés pour les agriculteurs qui doivent mieux tirer parti de la proximité de la ville.

Pourtant il faut noter que malgré cette proximité d’un important bassin local de consommateurs,  la production maraîchère reste encore trop peu présente dans notre Métropole (moins d’une exploitation sur 4) … les terres les plus fertiles et les plus faciles à exploiter étant les premières à subir cette pression foncière !

C’est une filière qui reste fragile et la production de proximité encore trop marginale … peut-être nos dispositifs de soutien et d’accompagnement devraient-ils porter une attention particulière à ce secteur précis ?

Pour revenir aux dangers qui guettent nos exploitations en zone périurbaine j‘aimerais aussi évoquer la mutation des bâtiments agricoles. Il est essentiel de lutter scrupuleusement à ce syndrome qui s’étend car évidemment la mutation de ces équipements en habitat est autrement plus juteuse financièrement !!

Comme il faut lutter aussi contre un phénomène qui tend à se multiplier : la transformation de parcelles en mini-jardins mis à la location. Là encore c’est évidemment plus lucratif pour les propriétaires mais cela prive les professionnels de terres déjà rares !

La pression et l’espoir de pouvoir urbaniser certains terrains poussent aussi parfois certains propriétaires fonciers à casser leurs baux agricoles et à laisser s’enfricher leurs parcelles … histoire de faire pression … ça n’est pas acceptable … le risque d’enfrichement est déjà une plaie dans nos secteurs de coteau et je salue à ce propos l’aide apportée par ce dispositif pour le faire reculer … mais il est important de veiller à ce que ce fléau ne gagne pas aussi les parcelles plus proches des zones urbaines.

Enfin nos dispositifs ne doivent pas oublier le soutien à la recherche de valorisation des produits agricoles, à leur transformation de façon à leur apporter localement de la valeur ajoutée, seule véritable piste pour améliorer les revenus agricoles ; or je rappelle que les systèmes orientés vers la recherche de valorisation locale (pour les légumes, la viande, ou les fromages) ne représentent qu’une exploitation sur trois dans notre Métropole.

Les systèmes et outils de distribution doivent aussi être aidés … on pense à la vente à la ferme, à la cueillette à la ferme, à la livraison aux particuliers … nos dispositif devraient peut-être aussi cibler spécifiquement (ou développer de nouveaux types de soutien en faveur de l’émergence de ces nouveaux  systèmes).

Ces nouveaux modèles sont parfois mis en place par plusieurs exploitants réunis au sein d’une association … et l’appel à projet présenté ici s’adresse individuellement aux agriculteurs non à une éventuelle association de quelques agriculteurs.

Enfin je ne peux pas conclure sans évoquer un sujet auquel nous serons sans doute de plus en plus souvent confrontés : il concerne les éleveurs (2 exploitations sur 3 dans notre métropole possèdent un élevage) … ce sujet c’est évidemment celui de la présence du loup dans notre Métropole. Plusieurs éleveurs ont eu en 2020 à déplorer des attaques de troupeaux et des pertes parfois considérables … or les mesures d’accompagnement mises en place par l’Etat à l’époque où le prédateur revenait en alpage ne sont pas adaptées dans nos secteurs périurbains. Protéger un troupeau de 800 brebis sur une zone d’alpage ça n’est pas la même chose que protéger plusieurs petits groupes d’une trentaine de têtes dans nos champs (parfois même à proximité des habitations où le loup n’hésite plus à frapper) … j’ai alerté les services de l’Etat sur l’adaptation nécessaire de ces mesures d’accompagnement mais nos dispositifs métropolitains pourraient peut-être aussi proposer des accompagnements spécifiques.

Pour résumer 3 questions ou pistes de travail (sur lesquelles Madame la Vice-présidente je vous répète ma disponibilité à travailler) :

  • Comment orienter des aides spécifiques au développement de la filière maraichère (encore trop discrète dans notre Métropole ?)
  • L’appel à projet peut-il être ouvert à des associations d’agriculteurs (qui se regrouperaient notamment pour développer la transformation ou la commercialisation de leurs produits) ?
  • Pour les éleveurs frappés par des attaques de loup est-il envisageable de mettre en place des mesures métropolitaines spécifiques pour accompagner la protection des troupeaux ?

Merci !