Intervention de Laurent Thoviste lors de l’approbation du budget primitif de Grenoble Alpes Métropole
Conseil métropolitain du 12 mars 2021
Intervention de Laurent Thoviste lors de l’approbation du budget primitif de Grenoble Alpes Métropole
L’élaboration de notre budget 2021 se déroule dans un contexte de forte incertitude du fait de la crise sanitaire et de ses impacts. A court terme il s’agit des dépenses auxquelles nous devons faire face notamment pour soutenir notre tissu économique. Mais nous pouvons craindre qu’une partie de ces effets ne se reporte sur les prochaines années si la reprise n’est pas au rendez-vous. Les effets structurels sont également difficiles à appréhender : quel sera par exemple l’impact de cette crise sur nos modes de travail, d’habitat, de déplacement ?
Notre budget doit prendre en compte ces contraintes. Pour cela lors du débat d’orientation budgétaire nous avions listé 4 priorités : la transition écologique, le développement économique et l’attractivité de notre territoire, la solidarité vis à vis de nos concitoyens mais également entre les communes qui leur offrent des services publics, et enfin le souci d’une gestion au plus juste pour ne pas alourdir la pression fiscale.
Le budget que vous nous présentez y répond-t-il ? La réponse est « On verra plus tard ». C’est en effet essentiellement un budget d’attente. Les décisions structurantes du programme pluriannuel d’investissement sont renvoyées à septembre. Mais nous prenons acte avec satisfaction de votre engagement à soumettre ce PPI à un vote du conseil et d’ici là de travailler à associer l’ensemble des communes et des élus du conseil métropolitain aux choix qui seront faits. C’est une proposition que nous approuvons même si nous regrettons que d’ores et déjà des choix aient été faits comme le siège métropolitain ou le centre de sciences qui vont largement impacter ce PPI. Il ne faudrait pas que cette discussion se réduise à entériner des choix déjà faits. Nous demandons à ce que la réflexion soit basée sur des éléments d’évaluation de la qualité du service rendu.
Peut-on par exemple se satisfaire de voir que l’état de nos voiries métropolitaines s’est dégradé depuis 2015 avec une augmentation de 50 % des chaussées en ruine et de 11 % de celles présentant des arrachements et trous ?
Peut-on se satisfaire de devoir voter (délibération finalement repoussée) un doublement des travaux pour Alpes Congrès alors même que le montant des travaux prévu au protocole validé en avril 2019 ne cesse d’évoluer et que le fléchage prioritaire sur Alpes Congrès fait craindre un retard ou un report du reste de la réhabilitation prévue.
Peut-on se satisfaire de voir certains équipements sportifs structurants pour notre territoire (piscines par exemple) vieillir sans que notre feuille de route en matière de politique sportive n’intègre cette question.
Notre investissement en faveur de l’économie et de l’attractivité (dont le montant est faussé par la décision de préemption de GHM) est-il suffisant (nous ne le pensons pas) pour assurer la pérennité et le développement de ce qui constitue à la fois notre principale ressource fiscale et plus d’un quart de nos recettes mais surtout qui procure des emplois à nos habitants ?
Ce sont des points que nous souhaiterons aborder pendant ce débat sur le PPI. Nous voulons qu’il traduise vraiment une nouvelle approche de la gouvernance de notre métropole et soit basé sur un réel échange avec les élus communaux. Nous vous demandons pour cela de nous présenter le calendrier et la méthode.
En ce qui concerne le fonctionnement là encore les principaux choix sont renvoyés à une décision modificative structurante lorsque les impacts de la crise seront mieux connus. Cela ne nous choque pas. Comme nous l’avons indiqué au début de notre intervention il est très difficile aujourd’hui de faire des prévisions. Mais cela doit s’appuyer sur une gestion prudente qui nous permette de continuer à investir. Notre endettement se dégrade. Si nous ne voulons pas nous trouver face au fameux effet ciseaux nous devons être en capacité de dégager de l’autofinancement.
De votre propre aveu en commission notre épargne nette s’effondre et tombe à 0 en 2022 si rien n’est fait. Nous devons donc resserrer nos dépenses. Or certaines prévisions nous paraissent peu réalistes.
Ainsi pour le SMMAG par exemple à qui nous allons verser une subvention exceptionnelle de 4 millions d’euros (après déjà 11millions en 2019), le budget est basé sur des hypothèses de fréquentation de 90 % à l’automne que beaucoup de membres ont jugé pour le moins optimistes.
Les dépenses de personnel sont quant à elles contraintes (mais elles avaient fortement augmenté dans le mandat précédent (+10%) et la mise à plat du temps de travail qui répond à une obligation légale n’a pour le moment fait l’objet d’aucun débat au sein de ce conseil sur les principales orientations que nous souhaitions lui donner. Cela doit être l’occasion de repenser notre politique RH et peut être notre mode d’organisation.
Les subventions ou contributions sont peu interrogées alors que nous votons des montants conséquents (69 millions en 2019) sans que nous ayons toujours une analyse précise de l’impact du service rendu. Nous demandons à ce que soit intensifié le contrôle de nos organismes satellites et des associations subventionnées pour disposer de ces éléments avant tout vote.
Nous avons donc à ce stade, monsieur le président, plus de questions que de réponses. Mais nous prenons en compte votre proposition de travailler ensemble dans la perspective d’un budget à l’automne qui fixe les grandes lignes de ce mandat. La crise que nous affrontons exige de notre part la capacité à sortir des postures politiciennes entre ceux qui seraient humanistes et ceux qui ne le seraient pas.
Nous affirmons notre volonté d’un travail constructif tel que nous l’a proposé le vice-président que nous remercions pour la qualité des échanges que nous avons eus dans le cadre de cette préparation budgétaire. En conséquence nous nous abstiendrons sur le budget présenté dans l’attente de ce travail commun.