21 décembre 2020 in Actualités, Conseil métropolitain du 18 décembre 2020, Interventions, Olivier Six

Conseil métropolitain du 18 décembre 2020 – Texte de l’intervention d’Olivier Six sur le soutien au CCSTI – La Casemate

Conseil métropolitain du 18 décembre 2020 – Texte de l’intervention d’Olivier Six sur le soutien au CCSTI – La Casemate

Depuis plus d’un siècle, l’aventure de notre territoire, sa prospérité et son rayonnement sont empreints de science, d’innovation technologique et industrielle.

La diffusion de la culture scientifique dans la société a de tout temps été un enjeu majeur.

Cette culture scientifique, cette curiosité pour les techniques permet aux citoyens en général, aux femmes et aux hommes politiques en particulier de faire des choix éclairés et raisonnés, d’éviter les peurs irrationnelles qui nourrissent les populismes. Avoir des notions et savoir se documenter sur les ondes électromagnétiques et l’énergie qu’elles transmettent, sur le fonctionnement d’une centrale nucléaire, sur le cycle du carbone ou de l’hydrogène, sur le fonctionnement d’un vaccin, peuvent permettre par exemple à chacun de se faire une opinion éclairée sur les grands enjeux de notre époque sans être soumis aux peurs, aux effets de foules, aux lobbys ou aux obscurantistes de tous bords. C’est certainement pour cela que la diffusion de cette culture scientifique a longtemps été combattue et qu’elle l’est toujours dans de nombreux endroits de la planète et même sur notre territoire comme l’a montré l’incendie de la Casemate en 2017.

Dans notre territoire en particulier, la diffusion de cette culture scientifique joue un rôle majeur dans la cohésion et l’insertion sociale. Grenoble et son territoire sont reconnus dans le monde entier pour leur excellence scientifique et technologique dans de nombreux domaines de pointe. Cette excellence fait pour beaucoup la prospérité de notre territoire. Mais la réalité, c’est qu’une grande partie de notre population vit en dehors de cet eldorado. Pourquoi lorsque l’on nait dans un quartier populaire, serait-on condamné à rester en dehors de cette aventure. Diffuser la culture scientifique, la vulgariser, donner confiance et envie aux enfants et aux jeunes, voilà un enjeu majeur pour l’avenir de notre territoire et pour une véritable égalité des chances de réussite pour tous !

La science a depuis toujours paru mystérieuse et lointaine au citoyen, mais cette distance augmente de manière exponentielle. Il était possible pour beaucoup de comprendre la mécanique ou la gravitation, il devient bien plus complexe de comprendre la biologie moléculaire, la physique quantique ou nucléaire. Cette distance augmente le sentiment de défiance et de peur et rend d’autant plus importante la diffusion de la science. Heureusement, les nouvelles technologies permettent aujourd’hui une diffusion bien plus large mais tout doit encore être inventé dans ce domaine.

L’esprit pionnier de notre territoire est assis sur la science, la curiosité, l’envie de connaitre et d’inventer. Cet esprit a été insufflé par des générations de scientifiques, de professeurs et d’entrepreneurs. C’est en continuant à semer et à diffuser et à vulgariser cet esprit que nous assurons l’avenir de notre territoire.

860 000 euros pour le CCSTI C’est beaucoup et c’est bien peu. C’est bien peu vu l’enjeu et la mission. C’est moins de 10€ par enfant ou jeune de moins de 18 ans et 2€ par métropolitain pour atteindre ces objectifs ambitieux.

Mais c’est aussi un budget très important en comparaison des autres impératifs et priorités sociales, environnementales, économiques de notre collectivité.

C’est pourquoi il est impératif que notre collectivité se montre exigeante et ambitieuse avec ces nouveaux investissements, qu’un maximum de jeunes et de citoyens soient touchés, que les visiteurs et auditeurs ressortent avec de l’envie et de la curiosité, que les collaborations avec les industriels et les laboratoires du territoire viennent démultiplier ces efforts humains et financiers forcément limités par rapport aux enjeux. L’incendie de la Casemate qui va rouvrir en 2021, le travail hors les murs et les solutions numérique qui en ont découlé, les réflexions sur l’organisation du futur centre de science vont dans le bon sens et doivent continuer avec un esprit disruptif et ambitieux pour faire rayonner cet outil et la science bien au-delà de ses murs.

En 2019, il y a eu 4000 visiteurs à la casemate dont 27% de scolaires, soit environ 1000 enfants. Ces chiffres sont à relativiser compte tenu de l’incendie qui a limité la zone visitable mais à ce rythme-là, seul un enfant métropolitain sur 4 aurait visité la casemate durant sa scolarité. C’est bien trop peu compte tenu des enjeux et le futur EPCC et centre de science devra faire beaucoup mieux dans ce domaine se montrant bien plus ambitieux en associant massivement les écoles de la métropole. Il devra aussi avoir l’exigence de s’adresser à ceux qui ne viennent pas naturellement, à ceux que le milieu social ou familial ne prédispose pas à se rendre dans ce type de structure.

Nous votons bien sûr pour cette délibération et cette subvention. Cependant, au vu des sommes non négligeable investies et des enjeux de société pour notre territoire et ses citoyens, nous demandons une gouvernance qui porte l’esprit pionnier, l’ambition, la capacité à fédérer et à rayonner à la hauteur de ces enjeux.  Nous demandons également un suivi des résultats concrets, quantitatifs et qualitatifs, notamment en termes de public touché du futur EPCC et centre de science. Résultats qui soient présentés régulièrement à notre assemblée.