Texte de l’intervention d’Emilie Chalas sur le vœu concernant la République ArtSack Conseil métropolitain du 20 novembre 2020
Texte de l’intervention d’Emilie Chalas sur le vœu concernant la République ArtSack
Conseil métropolitain du 20 novembre 2020
Après six semaines de combats meurtriers, l’Arménie et l’Azerbaidjan ont signé, sous l’égide de la Russie, un accord de fin des hostilités dans le conflit du Haut-Karabakh.
La décision du Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, de signer une déclaration sur la fin d’une guerre barbare et inégale avec les présidents russes et azerbaïdjanais est douloureuse. Décider de cesser les combats pour éviter de nouvelles et considérables pertes humaines contre une perte d’une partie de territoire, témoigne des difficiles compromis que l’on peut être amené à faire en responsabilité. Il fallait cesser le massacre.
Ne nous trompons pas d’adversaire, ne cherchons pas de boucs émissaires. Ni la France ni l’Europe ne sont responsables de la situation au Haut-Karabakh qui, depuis 1994, est une zone de cessez-le-feu, et non pas une zone de paix.
Le Groupe de Minsk, qui a joué son rôle de médiation du conflit, n’a toutefois pas réussi à faire accepter des concessions auprès des deux parties, restées chacune sur leurs principes.
D’une part, pour l’Arménie, celui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. D’autre part, pour l’Azerbaïdjan, celui de l’intégrité territoriale.
Le Président de la République Emmanuel MACRON, qui demande ce mardi de travailler à un « règlement politique durable » qui « préserve les intérêts de l’Arménie », et qui demande par ailleurs « fermement à la Turquie de mettre fin à ses provocations », a été le seul dirigeant occidental à dénoncer de façon claire l’ingérence de la Turquie dans ce conflit.
Mais notre diplomatie n’a pas suivi. La position du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, ancrée dans une neutralité hors du temps, n’a pas permis d’apporter le soutien diplomatique dont aurait dû bénéficier Emmanuel MACRON.
Quelques heures après la signature de l’accord, restons très vigilants quant aux règlements de compte. A Erevan, la colère et la violence effacent l’indispensable unité nationale pour l’avenir, pour la liberté, pour la paix du peuple arménien. Quelques minutes après l’annonce du cessez-le-feu, des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le siège du gouvernement arménien, certains d’entre eux ont même envahi les locaux, qualifiant le Premier ministre arménien de « traître » et appelant à sa démission.
Dans le même temps, en France, l’opposition instrumentalise le conflit alors même que lorsqu’elle était au pouvoir, elle n’est pas parvenue à tendre vers un règlement de ce conflit au sein du Groupe du Minsk.
Enfin, soyons clairs : l’Europe doit ouvrir les yeux sur les périls et les conséquences de la situation.
La Russie, en déployant environ 2 000 de soldats de la paix dans l’objectif d’assurer le respect de l’accord, revient en force dans le Caucase et reprend son rôle de tutelle.
La Turquie d’Erdogan, l’impérialisme et l’expansionnisme constituent un seul et même combat, qui menace nos démocraties et avec elles, leurs valeurs de liberté, de paix et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Cette guerre d’une gravité extrême aurait fait au moins 5000 morts depuis le mois de septembre. Mais en réalité, il pourrait y en avoir encore plus, tout comme le nombre de victimes, blessées, mutilées, déplacées, réfugiées.
Aux portes de l’Europe, des exactions d’une cruauté sans nom ont été commises, au mépris du droit international, au mépris des droits de l’Homme. De toute évidence, une enquête internationale doit s’ouvrir pour faire le point sur ce qu’il s’est passé durant cette guerre, en espérant que celle-ci soit bien achevée.